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« La dimension et la structure actuelles des outils dominants font éclater la vie quotidienne de la plupart des gens en deux expériences totalement séparées, qui ne communiquent que par l'anonymat du marché(libre ou planifié, peu importe) : celle du travail salarié, ou l'on ne produit jamais pour ses besoins propres, et celle de la « consommation », ou les produits ou « services » dont on use ne sont jamais le résultat de sa propre activité. Sous les deux aspects il y a absence d'autonomie : d'un côté, on est intégré comme individu interchangeable dans un vaste organisme au fonctionnement programmé ; de l'autre, on en est réduit à voir ses besoins définis par les professionnels auxquels les outils donnent un monopole de fait. Concrètement, dans les sociétés industrialisées, chacun est tour à tour intégré et soumis à l'hétéronomie, selon qu'il travaille ou consomme. L'ouvrier ou le cadre de chez Renault sont intégrés huit heures par jour, mais dépendants, pour se nourrir, apprendre ou se soigner, d'autres organisations puissantes qui leur dictent la manière de s'y prendre. Et à leur tour l'O.S de la conserverie, le fonctionnaire de l'Éducation nationale et l’infirmière, intégrés dans leurs organismes respectifs, dépendent de Renault et consorts qui leur imposent l'automobile comme seule solution possible pour se mouvoir. Travail abstrait et besoins régis de l'extérieur vont de pair. Intégration et hétéronomie sont les deux faces de Janus d'un mode de production marqué par la puissance. »

Ingmar Granstedt, L'impasse industrielle, Paris, 1980, page 20




« La reconstruction conviviale suppose le démantèlement de l'actuel monopole de l'industrie, non la suppression de toute production industrielle. Elle demande que soit réduite la polarisation sociale due à l'outil, afin que coexiste une pluralité dynamique de structures complémentaires dans la force productive et donc une pluralité de milieux et d'élites. Elle réclame l'adoption d'outils mettant en oeuvre l'énergie du corps humain, non la régression vers une exploitation de l'homme. (...) Dans le système actuel d'usure programmée à grande échelle, quelques centres de décision imposent l'innovation à l'ensemble de la société et privent les communautés de base de choisir leurs lendemains. De ce fait, l'outil impose la direction et le rythme de l'innovation. Un processus ininterrompu de reconstruction conviviale est possible à condition que le corps social protège le pouvoir des personnes et des collectivités de modifier et renouveler leurs styles de vie, leurs outils, leur milieu, autrement dit leur pouvoir de donner au réel figure nouvelle. »

Ivan Illich, La convivialité, Paris, 1973, page 108




« Dans sa prétention à la puissance productive, l'ère industrielle est la seule qui ait eu l'ambition sans bornes de produire avec des outils intégrés exclusivement, sur la planète entière, sans discernement aucun, chaussettes, locomotives et spectacles ; cercueils, missiles nucléaires et yaourts ; boutons de culotte, autoroute et poulets ; automobiles, purées pour nourrissons et enterrements ; éducation, logements et soins psychiatriques... Par ce monopole radical donné à un seul mode de production, nous avons crée un déséquilibre fatal dans la structure de base de notre outillage social. Fatal, car il s'agit de la production de ce qui sert à maintenir la vie et son cadre, et que cette production atteint maintenant une complication inouïe par les interactions humaines qu'elle suppose. Comme les outils ne sont pas seulement des moyens techniques pour transformer la matière, mais aussi des instruments par lesquels passent, se nouent et se jouent des relations quotidiennes entre les gens, ce déséquilibre technologique est aussi un déséquilibre des interdépendances de l'humanité agissante. Privée de la souplesse des relations productives que les gens peuvent établir et modifier au gré des circonstances, ici et maintenant, avec leur proche entourage, en contrôlant personnellement les tenants et aboutissants de ce qu'ils font, tant que les outils autonomes sont abondants, l'humanité assiste maintenant en spectateur désorienté et angoissé au dérèglement des interdépendances de travail terriblement compliquées que sa technologie prétentieuse à programmées. »

Ingmar Granstedt, L'impasse industrielle, Paris, 1980, page 37




« Des systèmes techniques de ce genre ont été à la base de l'outillage social pendant des millénaires. Le moulin, le four communal, la forge en étaient, de même que le métier domestique à tisser, le pressoir à huile ou l'atelier du verrier. Il en subsiste encore aujourd'hui, tels que la machine à coudre, la panoplie du bricoleur, la cuisinière à gaz et ses accessoires. D'autres pourraient être mis au point et se disséminer à nouveau abondamment si des recherches et des expérimentations sociales avaient lieu en ce sens : la position unitaire de filature-étirage-texturation adaptée au quartier, le gazogène domestique, l'atelier ouvert au public qui veut fabriquer ses meubles ou celui donnant accès à des machines-outils communales, pourraient en être, par exemple. »

Ingmar Granstedt, L'impasse industrielle, Paris, 1980, page 47




« Étymologiquement la technologie (techné : métier, savoir faire ; logos : discours) est l'étude des procédés techniques. Au sens courant, elle désigne un ensemble de techniques créant une industrie nouvelle. »

Pièces et Main d'oeuvre, Le téléphone portable, gadget de destruction massive, Montreuil, 2008, page 80




« Les TIC consomment aussi des ressources pour leur fabrication. L'industrie électronique est parfois considérée par certaines sources comme l'une des plus polluantes du monde. Bien sur, le qualificatif est discutable. Il vient du fait que l'industrie des semi-conducteurs, les fameuses "nanotechnologies", utilise beaucoup d'eau très pure et de nombreux produits toxiques très difficiles à éliminer. De plus, l'analyse du cycle de vie des produits révèle des chiffres surprenants. Produire un PC de 24 kg exige 240kg de carburants fossiles, 22 kg de produits chimiques et 1500 litres d'eau, soit en proportion plus que pour la production d'une voiture. »

Fabrice Flipo, L'infrastructure numérique en question in Entropia N°3, Lyon, 2007, page 71




« C'est pourquoi il faut parler de deux modes de production, tant la question est capitale.
Pour les définir, il faut envisager deux réalités intimement liées dans la conception de tout outil, quel qu'il soit : sa puissance productive et le degré d'interdépendance entre les gens qu'implique son fonctionnement. Et nous allons voir comment cette relation est décisive pour la crise qui nous menace.
Avec une machine à coudre, une pelleteuse, un four de poterie, avec une cuisinière et des casseroles, avec un établi de menuiserie et une scie électrique, avec un outillage de mécanicien..., la quantité que l'on peut produire dans chaque cas est relativement modeste. La machine à coudre permet d'aller vite chaque fois que l'on a besoin d'une robe ou d'un pantalon ; elle ne permet pas d'en faire des centaines à l'heure pour approvisionner une chaîne de supermarché. Avec la cuisinière à gaz et une cocotte-minute on fait aisément des légumes tous les jours pour plusieurs personnes et conserves pour l'hiver ; mais on n'en fait pas des tonnes à la journée pour l'exportation. Les outils du mode de production autonome se définissent d'abord par leur puissance productive relativement modeste. De ce fait, produire des tôles d'acier, par exemple, est en dehors de leur portée : cela suppose des outils d'une puissance radicalement différente. Mais dans bien des cas – qui se révéleraient infiniment plus nombreux qu'on ne le croit aujourd'hui, si seulement on convertissait la technologie en ce sens – il n'en faut pas plus pour être efficient. »

Ingmar Granstedt, L'impasse industrielle, Paris, 1980, page 16




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